Kahla
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Kahla, le camp oublié.
 
Tel était le titre de l'émission de la télévision Canvas de la V.R.T. le 24 avril 2003. Excellente émission d'ailleurs, qui remettait à la mémoire les horreurs, elles aussi trop facilement oubliées, du système répressif des Nazis.
 
 
La petite ville de Kahla est située à quelques kilomètres au sud d'Iena, en Allemagne. Cette ville était, et est encore connue pour sa fabrique de porcelaine. Celle-ci tirait sa matière première d'une colline au sud de Kahla, le Walpersberg. C'est dans cette colline, truffée de galeries souterraines, que le IIIe Reich décida en 1944 d'implanter une usine destinée à fabriquer le Messerschmidt 262, un des premiers avions à réaction militaires. L'usine prit le nom de REIMAHG, pour Reichmarschall Hermann Goering.
 
Comme main d'œuvre de terrassiers et mineurs pour aménager les galeries souterraines en ateliers, Goering avait imaginé de puiser parmi la jeunesse des pays occupés. La Belgique, la France et l'Italie furent parmi les plus grands pourvoyeurs de cette main d'œuvre bon marché. Ces travailleurs furent rassemblés dans une dizaine de camps à Kahla et environs. Parmi ces camps, le Lager E, situé à Eichenberg, était un camp d'éducation (Erziehungslager). On y rassemblait des travailleurs ayant refusé le travail obligatoire. Le régime y était pire qu'à Buchenwald, de l'avis même de prisonniers de Buchenwald qui avaient été transférés à Kahla. Rappelons les chiffres qui sont publiés: 15.000 travailleurs, 6000 morts, dont 700 Belges.
 
Ces camps furent libérés le 14 avril 1945. Les troupes américaines qui progressaient dans la région étaient appuyées par le 16e Bataillon belge de Fusiliers. C'est ainsi que des soldats de la 5e compagnie du 16e bataillon prirent possession d'un des camps peu de temps après le départ des Allemands. En fait, les prisonniers avaient été en partie évacués. Ceux qui restaient, soit s'étaient cachés, soit étaient restés dans l'infirmerie, laissés dans état qui défie toute description. Par la suite, cette même compagnie fut chargée d'un travail de garde dans ces camps.
 
Fin 2001, le contact se rétablit entre l'Amicale des Rescapés de Kahla et la Fraternelle des Volontaires de guerre du 16e Bataillon de Fusiliers. L'Amicale des Rescapés, depuis une vingtaine années déjà, faisait un pèlerinage annuel à Kahla, auquel ont participé depuis 2002 des membres de la Fraternelle. Actuellement, les manifestations de commémoration sont organisées conjointement par l'Amicale et les autorités allemandes, avec l'appui de l'infatigable premier sergent-major Patrick Brion.
 
En 2004, pour la première fois depuis 1945, les souterrains ont été rendus accessibles à un public limité. La mise en état de la partie visitable (quelques centaines de mètres sur un total de 35 km de galeries existantes) a été le résultat du travail acharné de Patrick Brion. Assisté par une association locale. Dans ces sous-sols, des souvenirs recueillis sur place, des listes de noms et des photos constituent l'embryon d'un musée qu'on espère voir se développer.
 
 
KAHLA 5 et 6 mai 2006
 
Nous avons des photos prises à Kahla les 5 et 6 mai derniers. Ces photos ont été prises par les soins de Patrick Brion, dont on connait l'attachement aux événements de Kahla et à la participation du 16e Bataillon à ces événements en 1945.
 
Cette année on peut mentionner deux aspects particuliers des commémorations.
 
Le vendredi 5 mai a été inaugurée une plaque commémorative du 16e sur le bunker de l'usine souterraine du Walpersberg. Le même jour après-midi le petit village voisin de Kleindembach recevait les anciens et rappelait le souvenir des souffrances des travailleurs forcés qui étaient stationnés dans ce village. A cette occasion, les enfants des écoles avaient été informés, et ils déposaient des fleurs au monument local, accompagnés d'un ancien déporté ou d'un ancien volontaire de guerre belge.
 
Les autorités de ce village, et des villages voisins aussi, sont très conscientes du danger toujours présent du fascisme et de la dictature; elles avaient informé les enfants et les avaient préparés à la cérémonie. Pour nous, nous avions le sentiment de contribuer à la réconciliation de nos deux peuples, réconciliation qui n'est malheureusement pas encore une réalité dans toutes les têtes.
 
Cliquez sur la photo pour les agrandir
 
  Les enfants des écoles avec les vétérans.
  L'esprit de la cérémonie.
  La plaque est à 5 m de hauteur.